Tragédie de Womey : les dysfonctionnements institutionnels d’une justice moribonde

Publié le 17 Octobre 2014

Tragédie de Womey : les dysfonctionnements institutionnels d’une justice moribonde

Près d'un mois après la tragédie de Womey, le gouvernement Condé devrait prendre un certain nombre de dispositions avant d'ouvrir un procès en toute sérénité.

La première mesure est de ramener le calme. Au lieu de s'en prendre aux organisations de défense des droits de l'homme, comme si l'Etat guinéen avait quelque chose à cacher, il est important que la justice guinéenne calme le jeu.

Cela est d'autant vrai que le dernier communiqué du ministère de la justice contredit ce qu'a dit le procureur de la république près le tribunal de première instance de N'zérékoré, quand il a reçu les enquêteurs venus de Conakry. C'était le vendredi 10 octobre à 15 heures 06. Ce jour-là, Zézé Béavogui a dit aux hôtes :

"Je ne peux pas signer vos ordres de mission, vous m'avez trouvé à la maison, le cachet est au bureau. Mais vous pouvez y aller, à votre retour lundi, passez au bureau".

Si Zézé Béavogui savait ce jour-là que Womey était interdit d'accès, pourquoi ne l'a-t-il pas siginifié aux organisations de défense des droits de l'homme et aux médias ?

Pour toutes ces raisons, le ministère de la justice doit calmer les esprits pour aller à un procès en toute sérénité. Surtout que Womey, tout comme Pinet, est dans le territoire guinéen. Par conséquent, tout guinéen peut y aller sans visa.

La deuxième mesure, le ministère de la justice, Me Cheick Sacko, doit se rendre à N'zérékoré lui-même, pour voir dans quel contexte se tiendra le procès.

Selon la société civile de N'zérékoré, en trois ans, quinze conflits ont été enregistrés en région forestière et dans la plupart des cas, c'est dans un esprit de vengeance.

Si la justice guinéenne ne fait pas attention avec le dossier de Womey, en voulant bien faire, elle risque de créer d'autres problèmes. D'après nos sondages à N'zérékoré-centre, les citoyens sont frustrés. Beaucoup disent que s'ils commettent un délit, comme ce fût le cas à Galapkaye ou Womey, la justice guinéenne se précipite pour faire la lumière, mais quand ils en subissent, comme ce fut le cas à Sahoro ou Zogota, la justice traîne les pas.

C'est pourquoi, pour montrer aux citoyens que la justice est là pour tout le monde, il est important que tous les dossiers pendants soient recyclés et jugés. Ce serait un bon pas pour ramener la paix et la quiétude en région forestière.

En plus, une délégation gouvernementale composée des ministres écoutés devrait se rendre à N'zérékoré pour effacer les faux-pas posés par les ministres Remy Lamah de la Santé et Alhousseiny Kaké Makanéra de la communication.

En vérité, ces deux ministres ont dérangé plus qu'ils ne l'ont arrangé avec des discours musclés qui ont choqué plus d'un. " Ces ministres sont venus ici, ils ont tenu des discours incendiaires partout. On a les sons. A leur retour à Conakry, ils nient les propos au lieu d'assumer. Ils reviennent encore pour nier".