Forces de sécurité et de défense : « Si on doit faire des recrutements au sein des forces armées et sécurité, on doit l'annoncer officiellement. Cela ne se fait pas de façon clandestine », a dénoncé un avocat.

Publié le 30 Août 2014

Forces de sécurité et de défense : « Si on doit faire des recrutements au sein des forces armées et sécurité, on doit l'annoncer officiellement. Cela ne se fait pas de façon clandestine », a dénoncé un avocat.

Mercredi, les organisations nationales de défense des droits de l'Homme ont eu une nouvelle occasion d'échanger sur la situation des droits de l'Homme avec le ministre Gasssama Diaby. Camp Boiro, Affaire du 28 septembre, tuerie de Zogota, recrutement clandestin dans l'armée, violences contre les femmes et les enfants, insalubrité à Conakry… les activistes des droits de l'Homme ont porté leurs constats et préoccupations à la connaissance de leur " interlocuteur " dans le gouvernement Mohamed Said Fofana.

Première organisation à parler, le représentant de l'Association des Victimes du Camp Boiro a réitéré les préoccupations de son organisation. Parmi celles-ci, l'érection d'une stèle à la mémoire des victimes du Camp Boiro. Mais aussi, pour une réhabilitation judiciaire des victimes, la restitution des charniers aux victimes. « Nous avons un devoir de mémoire dans ce pays », a rappelé le représentant de l'Association des Victimes du Camp Boiro.

Dans son intervention, le président de Avocats Sans Frontières Guinée, Me Labilé Michel Sonomou, a dénoncé l'abandon des poursuites judiciaires dans les tueries de Zogota, le manque d'infrastructures judiciaires dans les préfectures. Et surtout, un recrutement clandestin au sein des forces de défense et de sécurité guinéennes. L'activiste des droits de l'Homme dira que la formation s'effectue dans un centre où le moins âgé des recrutés à 13 ans. « Si on doit faire des recrutements au sein des forces armées et sécurité, on doit l'annoncer officiellement. Cela ne se fait pas de façon clandestine », a dénoncé l'avocat.

Le ministre des droits de l'Homme a voulu que cette information soit prise avec beaucoup de prudence. Il a donc recommandé à l'activiste des droits de l'Homme d'employer le conditionnel. « Il y a des gens qui avaient été recrutés, et qui sont payés sans être formés. Au lieu de radier ces gens de l'armée, le gouvernement a donc décidé qu'ils soient formés. Si au-delà de cela, il y a un recrutement clandestin, votre inquiétude serait légitime », a répondu le ministre à Me Sonomou. Et de le rassurer que si cela s'avère, le ministère pourrait l'accompagner jusqu'au centre d'entrainement. « Je peux même me faire votre porte-parole auprès du gouvernement », lui a signalé Gassama Diaby.

En prenant la parole, Bah Mamadou Cellou, membre de la CODDH, a dénoncé les comportements des forces de sécurité. Selon cet autre défenseur des droits de l'Homme, certains agents de sécurité continuent encore à agir mal. M. Bah dit avoir constaté des traitements indignes au poste de contrôle sur la nationale Coyah-Kindia, juste après le pont Kaka. Le défenseur des droits de l'Homme a dénoncé un agent de sécurité qui ne se serait pas empêché de frapper un chauffeur avec son ceinturon. Une autre activiste des droits de l'Homme enfoncera le clou, en dénonçant la façon dont agents à ce poste de contrôle traitent les passagers. « Même sous la pluie, ils font descendre les passagers de leur véhicule », a-t-elle dénoncé.

Asmaou Diallo, présidente de l'Association des victimes du Massacre du 28 Septembre a exprimé au ministre l'inquiétude et l'impatience des victimes qui, ne voient pas aujourd'hui le procès évoluer. « Rien ne bouge à tous les niveaux. On est bloqué, et je ne sais pas où on est bloqué », regrette Mme Diallo, qui a sollicité l'implication personnelle de Gassama Diaby, pour que le procès accélère. En clair, Barrry voudrait que la justice juge déjà les quelques 400 personnes déjà inculpées dans le dossier.

Pour sa part, le président de la LIGUIDHO, Me Kpana Emmanuel Bamba a rappelé que les habitants de Conakry ont droit à un environnement sain. Or, le défenseur des droits de l'Homme constate qu'à Conakry, l'insalubrité se vit partout. Me Kpana Emmanuel a exhorté le ministre à faire la promotion de cet autre droit que beaucoup de citoyens ignorent. « Nos mamans vendent à côté des ordures. Il y a des ordures dans la rue. Nous vivons l'épidémie d'Ebola, il ne faudrait pas qu'à cela, s'ajoute le choléra. Je voudrais que vous vous impliquiez dans l'assainissement de la ville, en allant sensibiliser les sensibiliser dans les marchés », a sollicité Me Bamba.

À leur tour, les défenseurs des droits des enfants ont dénoncé les boîtes de nuit et bars qui empêchent les populations, notamment les enfants de dormir tranquillement ou de réviser leurs leçons.

Le ministre a rassuré les défenseurs des droits de l'Homme qu'il restera leurs " partenaires naturels " au sein du gouvernement. Et que l'initiative de mise en place de quatre observatoires sur les violations des droits de l'Homme en Guinée répond à leurs différentes préoccupations. « Le combat pour les droits de l'Homme doit continuer… tout n'est pas sur l'Etat, puisque cet État lui-même est en construction. Il faut qu'on travaille aussi sur les mentalités culturelles », a souligné Gassama Diaby.