Guinée : « Le pouvoir ne transforme pas l'homme, mais le révèle » disait Laurent Bado

Publié le 13 Novembre 2014

Guinée : « Le pouvoir ne transforme pas l'homme, mais le révèle » disait Laurent Bado

« Le pouvoir », comme l'affirmait si bien le professeur Laurent Bado, « ne transforme pas l'homme, mais le révèle ».

Dès après son investiture en 2010, Alpha Condé annonce les couleurs : « Je reprendrai la Guinée là où l'a laissée Sékou Touré ».

Ce fut le lancement officiel de la destruction de tous les acquis démocratiques obtenus jusqu'alors de haute lutte. C'est le retour du système de la pensée unique et du parti-État qui a fait tant de ravages dans notre pays. Dès lors, il mit tout en œuvre pour s'accaparer sournoisement de tous les pouvoirs.

En effet, en 2010, ses amis, assistés de tous les acteurs de la seconde transition, n'ont pas hésité un seul instant à massacrer des populations pour l'installer à Sékoutouréya.

En 2013, il ne fallait pas s'étonner qu'il se soit donné un alibi démocratique en se taillant une Assemblée nationale sur mesure.

Or des élections truquées et la préfabrication d'élus portent fatalement atteinte à l’autorité de l’État et le discrédite.

Des élections préfabriquées n’ont jamais conduit à une quelconque alternance démocratique mais plutôt à une normalisation autoritaire de la société. Un tel hold-up électoral, qui pervertit la démocratie, fausse et inverse la sincérité des résultats, n’est rien d’autre que du brigandage politique.

Le discrédit définitif de toute expression démocratique ne peut conduire qu'à des convulsions douloureuses, car c'est la porte ouverte à n’importe quelle bande armée d’aventuriers.

Un véritable État de droit repose essentiellement sur le principe sacré de la séparation des pouvoirs, avec la réalité du législatif, l’indépendance du judiciaire, le contrôle de la constitutionnalité des lois, le contrôle des gouvernants par les gouvernés, c'est-à-dire des élections libres équitables et transparentes.

Tout pouvoir qui n’émane pas de la souveraineté populaire, librement exprimée par des élections libres, équitables et transparentes, est illégitime et ne peut engendrer que le totalitarisme et la dictature.

Nous sommes dans ce cas de figure en Guinée. Désormais, il est clair pour tous les Guinéens que le pouvoir destructeur de M. Alpha Condé ne repose que sur la propagande, le mensonge et la terreur, les marqueurs universels de la gestion totalitaire d'un pays.

La Guinée est de nouveau à la merci d’un nouveau tyran mytho mégalomane. La seule philosophie de M. Alpha Condé est la préservation de sa propre vie en détruisant celle des autres.

Vasyl Symonenko avait raison lorsqu'il affirmait : « Il n'y a rien de plus terrible qu'un pouvoir illimité dans les mains d'un être borné ». Ce qui est le cas de la Guinée actuellement.

Ne nous voilons pas la face. Le régime actuel n'a rien de démocratique. Il est d’essence totalitaire hyper centralisée. Or, dans les organisations totalitaires les bourrages de crânes sont destinés exclusivement à traduire les mensonges ourdis à partir d’une fiction centrale en une réalité agissante. Son organisation et sa doctrine constituent les deux faces de la même médaille.

Hannah Ahrendt disait à juste titre : « Le totalitarisme au pouvoir use de l’État comme une façade destinée à représenter le pays dans le monde non totalitaire. Au-dessous de l’État et derrière les façades du pouvoir se trouverait le noyau du pouvoir : les services super efficaces et super compétents de la police sécrète ».

Les sous-sols de Sékoutouréya en sont truffés actuellement. Ce n'est pas Mohamed Diané, le chantre de la préférence ethnique qui dira le contraire.

Le totalitarisme est en effet un système qui fait de la police politique le centre du pouvoir et qui met en œuvre une politique de domination dont l'objectif majeur est la destruction de la société et de l’individu.

Le premier pas essentiel sur la voie qui mène à la domination totale consiste à tuer en l’homme la personne juridique. Un pouvoir judiciaire digne d’une véritable démocratie et conforme à l’État de droit garantit à tous les citoyens sans exception la protection des lois et veille à ce que la justice soit la même pour tous. Un tel pouvoir judiciaire ne pourra prendre racine dans notre pays tant que durera cette étouffante tyrannie de brousse.

La mainmise sur l’appareil d’État et la mise en place du parti-État, ont assuré à Alpha Condé et à ses amis des moyens de coercition, de terreur et de répétition sans fin.

Dès son investiture Alpha Condé voulait disposer de tous les pouvoirs. Pour cette raison, il lui fallait d'abord castrer l'armée guinéenne.

En Guinée, l'institution militaire a toujours été sous la houlette d'un état-major quasi illettré, corrompu, responsable de la plupart des massacres commis à ce jour dans notre pays. Ses généraux pensaient qu’en cooptant Alpha Condé, ils continueraient de vider les caisses de l’État en toute impunité. A leur grande surprise ils découvrent qu'ils ont coopté Brutus.

Au départ, les observateurs ont interprété les divergences qui l’opposaient à certains gradés comme des désaccords classiques entre un président civil, attaché à des réformes démocratiques et une hiérarchie militaire corrompue, accrochée à ses privilèges. Il n’en était rien de leur brouille : elles étaient exclusivement dues à la tenace volonté de M. Alpha Condé de s’octroyer par la ruse un pouvoir absolu.

En bon Machiavel, il réussit à déposséder la caste militaire de son autorité. Après avoir liquidé une partie des militaires zélés qui l’installèrent à Sékoutouréya, il décapite tout l’état-major de l’armée dans un pseudo accident d’hélicoptère.

Pendant ce temps, il recrute des mercenaires venus de tous les horizons pour constituer sa garde personnelle. Désormais il règne d’une main de fer.

L'armée ainsi castrée, Alpha Condé installe en outre ses milices privées ethniques (les Donzos) dans les principales garnisons militaires. Il les charge d’arrêter, d’emprisonner, de torturer voire de liquider toutes les oppositions.

Ce semeur de zizanie et de terreur dont le seul mode d'action est la brutalité, la propagande et la diabolisation de l'adversaire, ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Il ira toujours de l'avant, plus loin dans la terreur et le sang tel son ami Polpot, le légendaire communiste génocidaire du Cambodge, le concepteur de l'un des systèmes totalitaires les plus monstrueux, les plus redoutables de l'histoire de l'humanité.

Les Guinéens savent maintenant que M. Alpha Condé n'est qu'un vulgaire oisif de la vie publique, un prédateur sans projet, un opportuniste. Il a fait de la politique son métier dont le but principal est d’accéder au pouvoir afin d'user de ses commodités et s’enrichir. Il continuera de s’agripper désespérément à son trône pour continuer d’exister.

Sur tous les dossiers sensibles, ce pouvoir ne donne aucun signe sur sa volonté de désamorcer la bombe politique, économique et sociale. Les corrompus peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Alpha Condé veille au grain.

L’Histoire nous enseigne pourtant qu’il n’existe pas de pays docile et corvéable à volonté. Il y a toujours un moment où la coupe est pleine et malheur aux tyrans qui se font surprendre par la colère de leur peuple.

Casimir de La Vigne n'avait-il pas raison d'écrire : « Tout pouvoir excessif meurt par son excès même » ?


Dr Abdoul Baldé
Rouen, France