Drame de Taouyah : Entre tristesse et révolte, plus d’une trentaine de morts ! Il faudra clarifier tout ça et situer les responsabilités.
Publié le 30 Juillet 2014
Sidya Touré après le drame de Taouyah : « Je suis franchement effondré. Nous n’avons pas de présidence dans ce pays! ».
Suite au drame de Taouyah dans la banlieue de Conakry dont le dernier bilan fait état de plus de 30 morts, le président de l’Union des Forces Républicaines (UFR), Sidya Touré a exprimé sa consternation au micro de Guineenews.
« D’abord je me dois de m’incliner devant la dépouille de tant de jeunes de notre pays qui ont été fauchés dans la fleur de l’âge et qui souhaitaient, en ce lendemain de fête de l´Aïd el-Fitr, que d’aller se retrouver pour s’amuser. Malheureusement notre pays commence à être coutumier de ce fait. Il y a juste sept mois, nous avons eu, dans les mêmes circonstances, près d’une vingtaine de morts.
Le constat que nous faisons aujourd’hui c’est qu’aucune disposition n’a été prise pour parer à ces genres d’éventualités. Vous savez que partout dans le monde, quand on parle de regroupement de foules, des dispositions sécuritaires, organisationnelles et sanitaires sont automatiquement prises pour éviter une telle situation. Surtout dans notre cas, nous avons déjà été victimes de cela, il n’y a pas très longtemps. Chaque fois que nous dénonçons l’incurie de ce gouvernement, les gens pensent que c’est une attitude politique. Mais cela n’a rien à voir avec. Aujourd’hui dans tous les secteurs de la vie de nos compatriotes, le constat que nous faisons c’est que nous n’avons pas d’administration, nous n’avons pas de gouvernance. Et je dois aller plus loin, nous n’avons même pas de présidence dans ce pays. On ne peut pas avoir subi de telles choses, il y a si peu et se retrouver dans un drame deux fois plus important. Tout simplement parce qu’aucune disposition n’a été prise.
Au lieu d’aller inaugurer des petites villas de 200 mètres carrés comme des maisons des jeunes, il faut, dans les quartiers aussi importants que Ratoma, Matoto et autres, avoir des salles de spectacles ou bien aménager des stades pour ces genres de choses. C’est ce qu’on fait dans les autres pays. Vous ne pouvez pas envoyer des gens sur une plage que personne n’a contrôlé et dont personne ne sait exactement quelle est l’étendue, quelles sont les dispositions sanitaires qui sont prises et puis abandonner les gens à eux-mêmes pour dire après qu’il y a eu un manquement de ceci ou cela.
Je suis franchement effondré puisque j’ai des parents que je connais parmi ces jeunes qui sont décédés. D’autres enfants ont eu pratiquement la vie sauve par miracle.
Les Guinéens sont réellement fatigués et épuisés de cette gouvernance. Ce que nous sommes en train de déplorer, ce sont les problèmes de sécurité, le problème sanitaire etc. Nous avons eu le problème d’Ebola. Il a fallu qu’on crie haut et fort partout pour obliger le gouvernement à faire la communication qu’il fallait. Nous connaissons cela dans le système alimentaire où aujourd’hui, nos populations ont du mal à se nourrir.
J’ai vécu cela pendant le mois de ramadan. Je viens de passer la fête de ramadan au village. Entre Boké et Boffa, nous avons parcouru les CRD, les gens n’ont pas de quoi manger. Et c’est cela la réalité de la vie en Guinée aujourd’hui. Tout le reste, c’est juste du bavardage. Je trouve cette situation déplorable. Et je souhaiterais que nous n’ayons pas encore à faire face à de telles choses et je présente mes condoléances à toutes les familles qui ont subies dans leur chair les douleurs qu’on ne peut pas estimer, perdre un enfant à bas âge, il n’y a plus rien de douloureux que ça dans la vie ».